Tout le monde parle des NFT ces derniers temps, cette nouvelle tendance qui intéresse tant les investisseurs. Mais au fait, de quoi s’agit-il ?
NFT pour "non fungible token"
Commençons par le commencement, qu’est-ce qu’un NFT ? NFT est l’acronyme de "non fungible token", soit un "jeton non-fongible" dans notre belle langue. Ça ne devrait pas parler à grand monde, étant donné qu’il s’agit d’un terme issu du droit. On dit d’un bien qui est défini par son genre qu’il est fongible, car il peut être remplacé par n’importe quel autre bien issu du même genre. Par exemple, le blé est un bien fongible, car un kilo de blé n’a pas d’identité propre et peut donc être remplacé par n’importe quel autre kilo de blé. Le même principe s’applique à l’argent : une pièce d’un euro peut être remplacée par n’importe quelle autre pièce d’un euro.
À l’inverse, il existe des biens non-fongibles, c’est-à-dire des biens possédant une identité propre. Un tableau de Van Gogh est un bien non-fongible, au même titre qu’une maison. Ils sont référencés et existent ainsi en exemplaire unique. Vous saisissez la différence ? C’est sur ce concept que s’appuie le principe du NFT ! Grâce à la technologie de la blockchain des cryptomonnaies, il est ainsi possible de créer des certificats d’authenticité pour toutes sortes de choses. Un GIF, une paire de sneakers, une photo de vous en train de boire un verre de jus tomate-pastèque… En leur associant une identité unique et traçable avec la blockchain, des biens divers et variés peuvent se transformer en NFT !
« Je suis le propriétaire du premier tweet de l’histoire, ça t’impressionne, hein ? »
Si sur le papier, le principe des NFT paraît simple, c’est surtout l’utilisation qu’en font certains individus qui étonne. Saviez-vous que le tout premier tweet de l’histoire s’est récemment vendu pour 2,9 millions de dollars ? C’est normalement là que vous risquez de ne plus rien comprendre. « Comment peut-on acheter un tweet ? », me demanderez-vous. En le transformant en NFT ! Pour ce faire, il suffit de posséder un wallet (porte-monnaie numérique) d’Ethereum (crypto-monnaie la plus utilisée pour les NFT) et de se rendre sur l’un des marchés en ligne spécialisés dans les NFT. Il faut fournir un descriptif complet du bien en question, prouver que vous en possédez les droits d’auteur et fixer son prix. Ça y est, vous avez créé votre NFT !
Dans le cas du premier tweet de l’histoire, mis en vente par son auteur, Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter, son nouveau détenteur a reçu un certificat d’authenticité prouvant qu’il est désormais le seul propriétaire de ce bien numérique. « D’accord, il est propriétaire du premier tweet, mais ça sert à quoi ? », me répondrez-vous. Alors déjà, le riche homme d’affaires malaysien qui en a fait l’acquisition peut maintenant se la péter grave en soirée, mais c’est surtout une forme de placement financier pour lui. Les NFT s’échangent en permanence sur le Net. Ils s’achètent, se vendent et l’objectif de nombreux traders est d’obtenir des biens qui prendront de la valeur au fil des mois et années.
Nike, Gucci… Quand les marques s’en mêlent
Mais si le tweet de Jack Dorsey est un actif numérique, le principe des NFT peut également accompagner des biens physiques. C’est par exemple ce que compte faire Nike avec les CryptoKicks, des chaussures qui viendront livrées avec un certificat d’authenticité numérique rattaché au numéro de série de chaque paire. Une manière de lutter contre les contrefaçons à l’heure où le marché des sneakers de collection voit les prix de vente record se multiplier… Si vous décidez ensuite de vous séparer de votre paire de chaussures, vous aurez la possibilité de la vendre avec ou sans son certificat. Ce dernier devrait par ailleurs permettre de nombreuses autres utilisations que nous n’allons pas évoquer ici pour éviter de trop compliquer cette rapide présentation.
Une foule d’autres marques ont exprimé leur intérêt pour les NFT, à l’image des enseignes du luxe qui entendent aussi limiter la contrefaçon en utilisant les certificats blockchain qui, contrairement à leurs équivalents en papier, s’avèrent impossibles à reproduire. Bref, si le principe des NFT semblait plutôt adapté à la vente d’œuvres numériques à l’origine, de plus en plus d’entrepreneurs s’intéressent à son potentiel commercial.
Les NFT et le jeu vidéo, une histoire d’amour naissante
Alors que les coûts de développement des jeux vidéo se comptent désormais en millions de dollars, des éditeurs ont commencé à s’intéresser de près aux NFT. En proposant des objets virtuels certifiés à utiliser dans leurs jeux, ces derniers entendent bien rentabiliser davantage leurs productions. C’est ce qu’a fait récemment Ubisoft en déployant dans Ghost Recon Breakpoint une collection de skins limités et déblocables en jouant. Mais ce sont bel et bien des NFT puisque ces objets cosmétiques sont livrés avec un certificat d’authenticité numérique et peuvent être revendus sur des plateformes partenaires. De quoi faire une petite plus-value à la revente. Si tant est que l’élément acheté prenne de la valeur. Mais il ne s’agit pas du seul éditeur à s’intéresser de près aux NFT, c’est également le cas de Konami qui a décidé de lancer des objets NFT pour célébrer les 35 ans de Castlevania. Pour l’équivalent de quelques centaines de milliers d’euros en Ethereum, vous pouvez ainsi vous offrir des NFT de musiques ou de combats de boss. À ce prix, il vaut mieux être très fan. Ou un visionnaire qui, en termes d’investissement, à beaucoup de flair.
Le truc, c’est que la relation entre le jeu vidéo et les NFT vont même encore un peu plus loin. Par « un peu plus loin », on parle carrément de la création récente de « NFT Games ». « Metavatars », « My Neighbor Alice », « The Sandbox » : ces titres ne vous disent peut-être rien, mais commence à pulluler un peu partout sur la toile. Leur concept ? Vous placer au milieu d’une expérience vidéoludique dans laquelle vous pouvez récupérer des actifs (personnages, véhicules, armes, cartes etc) que vous pouvez ensuite revendre, ou conserver en vue d’un éventuel bénéfice intéressant dans le futur. Nous sommes encore aux premiers balbutiements d’une nouvelle ère qui s’ouvre dans le jeu vidéo, le business n’étant plus seulement un pan réservé aux studios, mais un élément qui tend à s’inviter chez nous particuliers.