Qui est-il ? D’où vient-il ? Personne ne le sait, mais Baby Yoda est, malgré tout, devenu un véritable phénomène depuis sa première apparition dans The Mandalorian, spin-off de Star Wars diffusé sur Disney+. Un engouement qui avait (presque) été anticipé par les créateurs de la série.
« C’est un truc marquant qui a été ajouté à l’histoire. C’est notre précieux. » Le « précieux » dont parle Gina Carano, l’une des actrices de la série The Mandalorian diffusée sur Disney+, est minuscule, vert et coche toutes les cases de la mignonnitude. Ce « précieux », c’est Baby Yoda (baptisé « The Child » dans la série, ndlr). Un personnage de la même espèce que le légendaire maître Jedi, capturé par le Mandalorian (incarné par Pedro Pascal, ndlr) et dont on sait finalement peu de choses en dehors du fait qu’il était prédestiné, avec sa petite tête trop cute, à devenir un meme sur le web. Et ça n’a pas loupé : après son apparition à la fin du premier épisode, la petite créature est immédiatement devenue un phénomène.
Un meme, tu deviendras
Sur Twitter, le compte @BabyYodaBaby, dont le fond de commerce est de relayer des screenshots et des gifs du personnage, est suivi par 250 000 personnes. Deux scènes de la série, « Baby Yoda drinking soup » et « Baby Yoda turns on the music », ont également fait l’objet de nombreux détournements en l’espace de quelques semaines. C’est un fait : Baby Yoda est le principal atout marketing de la série produite par Disney+, nouveau service de streaming de la Walt Disney Company qui sera disponible en France en mars 2020. Et comme souvent, tout était calculé. Explications.
Un personnage aux origines floues
L’apparence kawaii de Baby Yoda justifie sa popularité, mais pas seulement. Ses antécédents ont également suscité de nombreuses interrogations. Après la diffusion du pilote, le 12 novembre dernier, les fans de Star Wars ont enquêté sur ses origines et émis de nombreuses hypothèses. La première - et la plus évidente quand on a la flemme de réfléchir - est que Baby Yoda serait une version rajeunie de Yoda lui-même. Raté : la théorie est directement écartée par Jon Favreau, showrunner de la série, qui rappelle que l’intrigue se déroule cinq ans après l’épisode VI : Le Retour du Jedi où Yoda décède à l’âge de 900 ans.
Autre possibilité : le personnage a des liens de parenté avec le célèbre maître de Luke Skywalker. Âgé de 50 ans, Baby Yoda pourrait être le rejeton de Yoda et Yaddle, une maître Jedi de la même espèce qui siège au Conseil des Jedi lors de l’Épisode I : La Menace Fantôme, avant de disparaître des radars. Niveau timing, ça colle.
Pourquoi tant de mystère autour de ses origines ? Lors d’une interview accordée au Hollywood Reporter, Jon Favreau a expliqué sa démarche et avoué qu’il s’était inspiré du travail de George Lucas pour imaginer l’histoire de Baby Yoda. Ou plutôt son absence de background, justement : « Yoda, le personnage que nous avons regardé en grandissant, a toujours été entouré de mystère et c'est ce qui l'a rendu si emblématique et mythique » explique-t-il. « Nous savons qui il est et ce qu'il représente, mais nous n’avons pas beaucoup de détails sur ses origines ou son espèce. C’est pour cette raison que les gens sont si curieux en découvrant un personnage de la même espèce. » Personne par la certitude ne devient grand.
Un succès annoncé
La vraie question est de savoir s’il était possible, pour l’équipe de la série, de prévoir l’engouement généralisé autour de Baby Yoda. Deborah Chow, qui a réalisé le dernier épisode de la première saison, estime qu’il y avait des signes avant-coureurs pendant le tournage : « J’espérais [que Baby Yoda devienne un phénomène], mais on ne sait jamais (…) À chaque fois que Baby Yoda arrivait sur le plateau, toute l'équipe réagissait. » raconte-t-elle au New York Times. « Tous les assistants de production venaient derrière les caméras pour essayer de le voir. Nous avons senti qu’il se passait quelque chose de spécial. »
Jon Favreau, lui, a clairement flairé le bon coup. Pour éviter les spoilers, le showrunner négocie avec Disney pour qu’aucun produit à l’effigie du personnage ne soit commercialisé avant le lancement de la série. Ce qui prive, de fait, la firme de vendre des centaines de milliers de peluches lors des fêtes de fin d’année. Une décision forte. « Il est très difficile de garder des secrets sur les projets sur lesquels vous travaillez » explique-t-il. « Nous savions que nous aurions le désavantage de ne pas avoir une gamme de jouets disponibles tout de suite, mais nous avons en échange l’engouement autour du personnage car tout le monde l’a découvert en même temps. » La stratégie a fonctionné : Baby Yoda, par les réactions qu’il a suscité sur les réseaux sociaux, a grandement contribué au succès de la série qui aurait, selon Business Insider, fait mieux que Stranger Things en 2019. « Le bébé vole la vedette » s’amuse Deborah Chow. Et le bébé a sûrement permis à la série d’être renouvelée, aussi.