C’était il y a un peu plus d’un an, le 17 mars 2020 : le tout premier confinement. Puis, trois jours plus tard, la sortie d’Animal Crossing: New Horizons sur Switch. Deux événements désormais indissociables.
Certes, peu, voire aucune chance pour que les grands historiens des décennies futures se penchent avec autant d’intérêt sur les conséquences d’une pandémie mondiale que sur la sortie du cinquième opus de la série Animal Crossing (sans compter les jeux dérivés), très attendue, oui, mais sans aucun doute plus anecdotique à l’échelle de la planète. Pourtant, impossible de le nier, d’autant plus que les faits sont encore frais dans nos mémoires : quand il fut décrété que nous devions rester chez nous, ne surtout pas bouger, alors l’arrivée d’un jeu dans lequel nous devions nous occuper d’une île façonnée à notre image correspondait parfaitement à nos envies d’évasion. D’ailleurs, à sa sortie, les critiques sont positives, mais plus encore, ce sont les chiffres de vente qui ne mentent pas : il s'agit alors du meilleur démarrage d'un jeu sur Nintendo Switch, et très rapidement, il devient le jeu le plus vendu de la franchise, mais aussi le jeu le plus vendu en France en 2020. De plus, le 30 juin 2020, Nintendo annonce avoir écoulé un total de 22,40 millions de copies dans le monde, dont près de la moitié des ventes correspond à une version dématérialisée. Rien de bien étonnant à cela : la Fnac était fermée. Micromania aussi.
Le phénomène du confinement
Surprise : au début de l’année 2021, le jeu continue de se vendre, et mieux que bien, passant même plusieurs semaines en tête des ventes dans plusieurs pays. Preuve que son succès n’est pas du, tout du moins pas uniquement, au choc d’un confinement mondial et inédit. Un confinement durant lequel une phrase revenait sans cesse, ici sur les réseaux sociaux, là dans l’esprit des joueurs les plus passionnés : à combien est le navet ? Ces navets qui font de vous un véritable trader dans l’univers de jeu, qu’il vous faut acquérir à bon prix, et revendre au mieux. Henri L. a 35 ans, il est devenu fan du jeu il y a un an tout juste. Nous lui avons donc posé la question : comment est ton navet ? La réponse ne tarde pas : “c’est marrant, je n’avais pas entendu cette question depuis des semaines, et elle m’a immédiatement fait penser au confinement. Je dois avouer ne pas avoir beaucoup touché au jeu ces derniers mois, car quand on a de nouveau pu sortir, et bien, je suis sorti, et ma Switch est donc restée à la maison. Dans mon esprit, Animal Crossing est un jeu daté, il correspond à cette période folle durant laquelle on était enfermés, et je ne veux pas spécialement me souvenir de cette période”. Et quand on lui demande s’il pense un jour y rejouer, il affirme que “non, car mes envies de jeu aujourd’hui sont beaucoup plus individuelles, je n’ai plus tellement envie de passer du temps avec d’autres joueurs, à négocier, discuter. En vrai en ce moment, je joue plus à Call Of Duty”.
Pourtant, d’autres, à l’inverse d’Henri, continuent de trouver en Animal Crossing le réconfort nécessaire. Laure M., 37 ans, n’a jamais cessé de jouer depuis des mois. Son navet “se porte bien, merci de demander”, mais surtout, elle affirme avoir trouvé dans le jeu une sérénité qui ne l’a plus quittée : “oui, quand j’ai acheté le jeu, c’était parce que la publicité me vendait un monde plus beau, une île qui fait rêver. Et j’avais besoin de cette évasion. Mais aujourd’hui encore, je ne trouve pas que le monde soit redevenu comme avant, on a le droit de sortir, mais on est encore confinés. Donc mon île est toujours mon refuge, et devrait le rester encore longtemps”. Animal Crossing, ou la promesse d’un monde meilleur ? Un monde moins morne, ça c’est certain. Confinés ou non.
Animal Crossing New Horizons sur Micromania