Les jeux vidéo, on commence à bien les connaître. On les pratique depuis dix, vingt, trente ans, cinquante ans (l'Odyssey de l'américain Magnavox, la première console à être commercialisée, fut lancée en 1972). Chez nous, en ligne, dans le métro, dans les salles d’arcade… On les a vu évoluer, grandir, prendre de multiples formes. Et demain ? Concrètement, à quoi ressembleront, peut-être, les jeux vidéo dans dix, vingt, cinquante ou même cent ans ? Pronostics.
Premier pari plus qu’évident, compte tenu des récentes déclarations, ici de Mark Zuckerberg, là de Jorge Huguet, general manager de PlayStation Espagne et Portugal : l'immersion sera un élément clé. Il l’est depuis le premier jour, développeur et acteurs vantant les mérites, génération après génération, de jeux toujours plus réalistes, soignés, proches de la réalité. Dans les années futures, il y a fort, très fort même à parier que les casques réalité virtuelle vont se démocratiser, et les jeux se faire plus abordables. Surtout, l’expérience devrait devenir totale. Ainsi, misons sur des casques plus légers, mais aussi des odeurs présentes. Des compagnies comme FeelReal ou Vaqso ont déjà commencé à imaginer des masques qui, reliés aux casques VR, permettent de diffuser des odeurs liées à l’action.
Autre vision fantasmée du jeu vidéo, déjà apparue dans plusieurs films : la possibilité de réellement s’extraire de son canapé. Car oui, un casque c’est bien, mais courir pour échapper à un zombie, c’est mieux. Entre donc en scène le tapis roulant omnidirectionnel, qui comme son nom l’indique, permet au joueur de se mouvoir sur un tapis lui permettant d’avancer dans toutes les directions que nécessitent l’action. Une création proche de nous, grâce aux boîtes Virtuix et Infinadeck (apparue dans le Ready Player One de Steven Spielberg), et qui nous promettent ces tapis chez nous, à un prix abordable, dans une dizaine d’années.
Mais pour aller encore plus loin dans l’immersion, il faudra bien que vous soyez un jour ou l’autre le héros ou l’héroïne du jeu en question. Certes, il est possible, souvent, de configurer votre personnage pour qu’il vous ressemble. Mais, disons dans trente ans, il sera possible d’aller plus loin, bien plus loin. Des chercheurs de l'Université de Californie du Sud ont commencé à travailler sur le sujet en cherchant des moyens pour des joueurs et joueuses de scanner leur propre visage et corps et de télécharger leurs caractéristiques dans une simulation, en tant qu'avatar personnel. Et votre corpulence, agilité, réactivité, de devenir un élément majeur de votre survie en milieu hostile.
Tout cela, naturellement, sans console, et sans manette. Ce n’est, logiquement, qu’une question de temps avant que les consoles, et avec elles les jaquettes et les disques, ne deviennent un élément du passé, le cloud permettant de tout stocker, et les écrans holographiques, de tout manipuler. La manette, quant à elle, devrait disparaître au profit d’une réalité réellement augmentée. Ainsi, chez Microsoft est développé le Project Zanzibar, un tapis flexible et portable qui peut détecter et suivre des objets physiques, identifier ce qu'ils sont et vous permettre d'interagir avec eux.
Mais tout cela, peut-être davantage encore, pourrait bien voir le jour plus tôt que prévu. Aux Game Awards de l’année dernière fut dévoilée une démo technologique Unreal Engine basée sur la saga Matrix. Une démo mettant en scène Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss, et une question simple, posée aux joueurs : les progrès technologiques nous permettront-ils de changer notre réalité ? La course poursuite qui suit, dans une ville photoréaliste, eut un effet monstre : des joueurs peinent à distinguer s'ils étaient à un jeu vidéo ou dans la vraie vie. Et nous ne sommes qu’en 2023.