En 1997, LucasArts dévoile son premier jeu de baston sur PlayStation : Masters of Teräs Käsi. Une production cumulant de nombreux défauts et qui a marqué l’histoire grâce à un gameplay embarrassant et des graphismes datés.
MMORPG, action-aventure, RTS, FPS… L’univers de Star Wars a été traité sous toutes ses formes par l’industrie du jeu vidéo. Spoiler alert : tout n’est pas parfait, loin de là. Plusieurs titres, comme Kinect Star Wars ou Star Wars : Super Bombad Racing (une pâle copie de Mario Kart sortie sur PS2, ndlr) se retrouvent plus régulièrement encensé pour leur médiocrité que pour leur génie. Mais dans la catégorie des jeux ratés, la palme revient incontestablement à Masters of Teräs Käsi, un titre bancal sorti en 1997 sur PlayStation.
Car oui, on l’oublie souvent mais LucasArts a tenté de développer son propre jeu de versus fighting sur la console de Sony, à une époque où des licences comme Tekken, Street Fighter ou Soul Edge se vendent comme des petits pains. Sur le papier, le concept est évidemment alléchant : qui n’a jamais rêvé d’incarner un personnage de la saga sur un ring ? Mais dans la réalité, c’est plus compliqué.
Un casting étrange
L’intrigue de Star Wars : Masters of Teräs Käsi se déroule entre l’épisode IV et V et introduit un nouveau personnage dans l’univers étendu : Arden Lyn. Une humaine maîtrisant le Teräs Käsi, un art martial ancien, embauché par Dark Vador - et l’Empire Galactique, par extension - pour assassiner Luke Skywalker (qui vient de détruire l’Étoile de la Mort) et les chefs de l’Alliance rebelle. « Dans ce jeu, on souhaitait créer un autre personnage féminin fort, en plus de Leia » explique Camela Boswell, productrice du jeu, lors d’une interview à accordée en 1998. « C’est pour cette raison qu’on a développé Arden Lyn ».
Sauf qu’Arden Lyn est le seul personnage secondaire méritant véritablement sa place au sein du casting. Car en dehors des héros, les personnages jouables ont été visiblement choisis au hasard, comme le reconnaît Craig Rundels, l’un des designers, lors d’une interview accordée à GamesRadar. « Je me suis posé avec l’un des développeurs pour trouver des idées » rembobine-t-il. « Il dessinait plusieurs personnages de Star Wars. Quand on voyait un concept qui nous paraissait cool, on se disait : ‘OK, on va faire ça’ ». Résultat des courses : les joueurs se retrouvent à incarner d’illustres inconnus (ou presque) comme Thok, garde du corps de Jabba le Hut ou de Jodo Kast, un admirateur de Boba Fett. Pas très sérieux, ni vendeur.
Lent, moche et déséquilibré
Masters of Teräs Käsi manque cruellement d’identité, aussi. Est-ce une copie de Tekken ? Un jeu calqué sur Soul Edge ? Le titre mêle séquences de combat à mains nues, avec des armes ou la Force, ce qui le rend logiquement déséquilibré comme l’explique Jeff Gerstmann, journaliste chez GameSpot : « L’un des pouvoirs de Luke est de lancer son sabre laser sur son adversaire, ce qui lui enlève la moitié de sa barre de vie. Le move est impossible à bloquer ou éviter. » L’absence d’équilibrage n’est que l’un des nombreux défauts du jeu. Loin d’être beau graphiquement, Masters of Teräs Käsi propose un gameplay lent et saccadé, avec une marge de progression extrêmement faible. Pour enchaîner les victoires par K.O, il faut simplement spammer ses touches sans réfléchir, un comble pour un jeu de combat. Mais pourquoi tant de ratés lors du développement ? L’inexpérience, selon Craig Rundels : « Personne n’avait jamais développé un jeu sur PlayStation » explique-t-il. « Pendant qu’on développait Teräs Käsi, on apprenait à exploiter le matériel et à programmer dessus. » Embêtant.
Mal reçu par la critique et par les fans, Star Wars : Masters of Teräs Käsi reste, à ce jour, la seule tentative d’incursion de LucasArts dans l’univers du versus fighting. À tort, sans doute, vu le lore de sa saga. En 2005, Josh Tsui - qui a notamment bossé sur Mortal Kombat - a bien tenté de relancer la machine en développant un jeu de baston sur Xbox. En vain. Ce projet avorté, il n’en reste qu’une démo : un combat entre Dark Maul et Anakin, qui a visiblement passé la puberté. Parce qu’on est pas à une incohérence près.