S’ils se tirent la bourre constamment depuis 25 ans, Sony et Nintendo ont pourtant collaboré pendant des années. Retour sur cette époque où les deux constructeurs avançaient ensemble.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, oui, Sony et Nintendo ont jadis bossé ensemble. Et tout a débuté par un processeur sonore, le SPC-700, produit par le futur fabricant de la Playstation pour la Super Nes. Une collaboration tellement réussie que Nintendo s’est ensuite naturellement tourné vers Sony au moment d’imaginer un lecteur CD pour la même console, et le projet SNES-CD s’est officiellement mis en marche en 1988. Mais rares sont les affaires pérennes et sans complications. Les deux firmes peuvent en témoigner, puisqu’elles se sont ensuite séparées pour cause de…trahison.
Coup de couteau dans le Nintendo
Au moment où Sega s’apprêtait à sortir son Mega-CD, Nintendo ne pouvait rester sans réaction face à la concurrence. C’est ainsi que les recherches autour d’un lecteur CD se sont lancées, comme expliqué plus haut. Ce deuxième projet, seconde passerelle entre Sony et Nintendo, a très bien avancé pendant trois longues années, et Sony était d’ailleurs totalement prêt à envoyer la bête en production. La grande annonce de ce projet ambitieux devait intervenir durant le Consumer Electronic Show de Las Vegas en 1991, une conférence durant laquelle Sony passe un jour avant Nintendo. Sony a donc présenté le projet commun des deux firmes japonaises : la PlayStation. Jusque-là tout se déroule comme prévu, mais les équipes de Sony ont rapidement déchanté au moment de la présentation de Nintendo. Sur scène, alors que personne de chez Sony n’est au courant, une tête bien placée de chez Nintendo annonce que son nouveau lecteur CD sera produit par… Philips ! Stupeur totale du côté de chez Sony, qui ne s’attendait absolument pas à une telle trahison, et encore moins en faveur d’un constructeur européen.
Vous vous demandez pourquoi un tel revirement ? Et bien, Hiroshi Yamauchi, alors président de Nintendo, a relu le contrat qui le liait à ses compatriotes de Sony. Résultat : il n’était pas satisfait que Sony possède tous les droits concernant les médias non-ludiques de la future SNES-CD, ce qui ne laissait à Nintendo que les droits d’auteur de ses jeux. Cependant, Nintendo n’a pas annulé pas le contrat, ce qui a permis à Sony de sortir son périphérique comme il le souhaitait. Mais la maison de Mario ne s’est pas arrêtée là, et a également annoncé que tous ses futurs jeux ne seraient compatibles qu’avec les lecteurs Philips. C’est comme ça que le monde a pu découvrir « Link : The Faces of Evil » et « Zelda : The Wand of Gamelon », deux titres bidons sortis sur la CD-i de Philips, dont nous vous parlions déjà.
Voilà comment s’est déroulée la séparation entre ses deux acteurs majeurs du jeux vidéo. Blessé, Sony s’est donc tourné vers Sega pour rebondir. « L’ennemi de mon ennemi est mon ami », comme on dit.
La PlayStation a pris son envol
Le responsable de Sony est vite parvenu à un accord officieux avec le représentant européen de Sega. Encore une fois, la collaboration avait l’air très intéressante pour les deux partis. Mais voilà, au moment de la présentation du représentant japonais de Sega, celui-ci s’est complètement braqué : « C’est une idée stupide. Sony n’y connait rien en jeux vidéo, ils ne savent ni créer de console, ni faire de jeu vidéo. Pourquoi devrait-on s’associer à Sony et les aider ? » La pique fait mal, très mal, et du côté de Sony on qualifie cette décision de « la plus stupide jamais prise de l’histoire du jeu vidéo ». Sony se retrouve seul, contre toute attente, et décide de lancer sa PlayStation sans l’aide de qui que ce soit en 1994. Sa manette révolutionnaire, ainsi que ses jeux, bouleversent le paysage vidéoludique au point d’en faire la console la plus vendue de tous les temps pendant un moment, avec 104 millions de ventes dans le monde. 25 ans plus tard, Sony ne doit plus être seul à penser que les décisions de Sega et Nintendo étaient « les plus stupides jamais prise dans l’histoire du jeu vidéo. »