Depuis douze ans, la franchise Call of Duty règne sur le marché des jeux de tir à la première personne. Un succès qu’elle doit en grande partie à Call of Duty 4 : Modern Warfare, qui, à l’époque, bouleverse complètement le paysage du jeu vidéo.
Le 6 novembre 2007 marque le renouveau d’un genre. Celui du jeu de tir à la première personne, qui connait un engouement démesuré avec la sortie de Call of Duty 4 : Modern Warfare. À ce moment-là, Counter Strike reste une référence du FPS en ligne. Mais le titre s’essouffle. Il ne fait plus vibrer cette catégorie de joueurs qui se délecte de shooter compétitif. Call of Duty 4 arrive à point nommé sur un marché en quête de fraicheur et de nouvelles idées. Et si le timing est bon, l’orientation prise par Infinity Ward l’est tout autant.
Les nazis has been ?
La première décision de poids prise par la société californienne est de se détacher de la Seconde Guerre Mondiale. Un événement déjà été traité sur les trois premiers titres de la franchise. La bande d’Infinity Ward décide de se lâcher, et produire un jeu selon ses envies. Un désir exprimé par Grant Collier, CEO d’Infinity Ward dans les colonnes de jeuxvideo.com : « Pendant plus de sept ans, nous avons fait de nombreux jeux qui se déroulaient durant cette période. En fait, nous réfléchissions déjà à ce jeu-là en travaillant sur le premier Call of Duty. Il y a énormément de choses que nous voulions faire qui n'avaient pas leur place dans un jeu se déroulant durant la guerre de 39-45. Quand Call of Duty 2 a été un succès, Activision nous a dit de faire le jeu qui nous plaisait. Call of Duty 4 est ce jeu-là. ». Le Führer c’est fini, cap sur les temps modernes.
Le monde découvre alors un nouvel univers, au cœur d’un conflit entre une Russie en pleine guerre civile et un pays du Moyen-Orient qui voit sa monarchie pro-occidentale renversée par un tyran. Le pitch parle aux joueurs, et permet aux équipes d’Infinity Ward d’actualiser son contenu et de proposer de nouveaux équipements militaires. Robert Bowling d’Infinity Ward décrit très bien ce lifting lors d’une interview accordée à xboxgazette.com : « Aller vers la guerre moderne nous a permis d’introduire un tas de trucs nouveaux et cools au niveau du gameplay, en utilisant des armes et des tactiques modernes. Par exemple, dans le mode solo, et même dans le mode multijoueur, avec des récompenses pour les frags en série qui permettent au joueur de faire appel à diverses formes de soutien. ». Sur ce dernier point, il touche à la véritable raison du succès de Call of Duty 4 : son multijoueur novateur.
Un multijoueur pour les gouverner tous
Avec Modern Warfare premier du nom, le joueur ne se contente plus de tuer son adversaire. En tout cas, pas seulement. Le jeu en ligne a été façonné sur des bases qui pourraient être celles d’un jeu de rôle. Le joueur dispose pour la première fois d’un niveau, qu’il peut augmenter à l’aide de points d’expérience. Pour obtenir ces précieux sésames, la mécanique est simple : il suffit de tuer ses ennemis. Mais le système ne s’arrête pas là, puisque les développeurs ont la bonne idée de proposer des défis en tout genre : « Réaliser X éliminations avec telle arme », « Eliminez X personnes en étant accroupi ». La formule est prenante, addictive même. Surtout qu’en guise de carotte au bout du bâton, le joueur peut déverrouiller des armes, des accessoires et d’autres composants cosmétiques en progressant. Si tous ces éléments constituent aujourd’hui la norme, c’est bien COD 4 qui les a démocratisés. Toutes ces idées avant-gardistes sont nées d’un changement dans le mode de production d’Infinity Ward. Sur les précédents titres, une seule équipe travaille sur la campagne et le multijoueur. Alors que sur cet opus, le studio affecte une équipe sur la partie online. Et le résultat est au rendez-vous.
Entre son solo travaillé et rythmé - des joueurs regrettent cependant que la campagne ne soit pas plus longue – et son multijoueur complet, Call of Duty 4 : Modern Warfare frappe un grand coup à sa sortie. Le titre s’écoule à plus de 20 millions d’exemplaire dans le monde (contre 7,5 pour le précédent). Ses concurrents reprennent nombre de ses concepts, et on assiste à l’émergence d’une nouvelle scène compétitive. Call of Duty 4 est une bouffée d’air frais pour le genre, et prépare l’arrivée des sequels qui suscitent le même engouement jusqu’à Call of Duty : Black Ops III en 2015. Depuis cette période dorée, la licence patauge : les joueurs n’affectionnent pas particulièrement le virage futuriste pris par la franchise, et les chiffres de ventes ne dépassent plus les 20 millions. Pour se relancer, elle aurait tout intérêt à revenir à ses classiques. Et ça tombe bien, puisque le tandem Activision/Infinity Ward nous livre un reboot de la série Modern Warfare ce 25 octobre. Une volonté de revenir aux bases de son succès, selon Taylor Kurosaki, le Studio Narrative Director du jeu : « Nous avons voulu revenir au coeur de ce qui a rendu ce jeu si spécial. C'était une situation pertinente, excitante, avec des personnages beaucoup plus complexes. Pour nous, nous ne devions pas être obligés de continuer cette série, il nous fallait décomposer son essence pour en conserver le corps que tout le monde adore. ». En espérant que Call of Duty épouse son succès d’antan.