Depuis 20 ans, le monde de Pokémon suscite de nombreuses interrogations d’un point de vue éthique, politique et social. Difficile de piger comment une société au système si trouble peut fonctionner correctement mais visiblement, ça ne dérange personne. Sauf nous. Voici pourquoi.
Le décrochage scolaire, ce fléau
Commençons par la base : dans Pokémon, on considère qu’un enfant a atteint la maturité à 10 ans. Toi, à cet âge-là, on t’interdisait de faire 150m à pied pour rentrer de l’école. Tu savais à peine poser une division et parler un français correct et audible. Et bien à Kanto, Johto, Alola ou tout autre région de Pokémon, on t’aurait laisser partir à la chasse, tranquille, sans être supervisé par un adulte. Pire : on t’aurait soutenu, voire encouragé dans cette démarche. Car oui, les parents, convertis par un scientifique chelou qui reste cloîtré dans sa baraque, participent à ce décrochage scolaire massif en laissant leurs gamins quitter le cocon familial avant la rentrée de 6ème. On nage en plein délire, non ?
Maltraitance & réclusion
Les protagonistes rabâchent qu’il faut traiter ses Pokémon avec amour, mais force est de constater que leur quotidien est, de base, plutôt triste. Qu’est-ce qui légitime l’emprisonnement d’une créature dans une Pokéball et de lui accorder une liberté conditionnelle simplement pour combattre ? En appliquant la même logique dans notre société, un type lambda devrait accepter un combat de MMA pour franchir sa porte d’entrée. On frôle sévèrement la maltraitance et l’abus de pouvoir, là.
Le crime paie
Le racket est-il encouragé sur Pokémon ? Sans aucun doute. Pire : le système tout entier est mafieux, puisque chaque victoire vous confère le droit de dépouiller votre adversaire de la moitié de ses biens. Et cet argent, on vous le file de bon coeur parce que toute victoire mérite salaire, paraît-il. Pokémon propose donc un modèle capitaliste favorisant l’enrichissement d’une seule personne : vous. On ne va pas se plaindre, mettre la daronne à l’abri est un sentiment agréable, mais on se demande pourquoi personne ne s’est jamais rebellé contre un régime aussi injuste.
Le sport, religion par défaut
Pour être dresseur Pokémon, mieux vaut être en forme. Parce que le réseau de transports en communs, c’est pas encore ça. Même si vos Pokémon Vol vous permettent de passer rapidement d’une ville à l’autre, avouons-le : le dresseur lambda passe un temps fou à marcher, courir, faire du vélo, ou surfer sur le dos d’un Pokémon pour éviter la noyade. Et si la pratique physique et sportive nous débecte, comment on fait ?
Des infrastructures vétustes
Remontons le temps et parlons urbanisme et réseau électrique. Dans la région de Kanto, la lumière scintille dans les centres, arènes ou commerces de proximité, alors qu’on aperçoit aucun pylône à l’horizon et que la Centrale est une « friche industrielle », pour reprendre les termes de Poképedia. D’ailleurs, elle est rebaptisée « Centrale abandonnée » dans la septième génération. Ça veut tout dire. L’apport en électricité est donc géré par les Voltorbe ou des Électrode, qui se promènent en liberté dans une Centrale désaffectée qu’ils partagent avec Elektor. En toute logique, le service proposé devrait être assez aléatoire et critiquable. Le bâtiment est géré par des créatures sauvages, tout de même. Mais au contraire, l’ensemble de la région est alimentée et aucun habitant ne se plaint de son compteur Linky. Prends-en de la graine, EDF.
Quid des haters des Pokémon ?
Comment occuper ses journées ou s’émanciper par le travail si les Pokémon vous répugnent ? Plusieurs secteurs sont porteurs et créateurs d’emplois, c’est vrai, mais les tâches tournent essentiellement autour des Pokémon. Les soigner, les garder, les dresser… Bref, il y a peu de chance de croiser un DRH au Centre Pokémon du coin. Où sont les chômeurs qui n’ont pas trouvé leur voie ? Où se planquent les haters qui refusent catégoriquement de se plier à la dictature Pokémon ? Peut-être qu'on aura enfin la réponse à cette question existentielle dans Pokémon Épée et Bouclier, qui débarque le 15 novembre sur Nintendo Switch.