Jack Nicholson, Heath Ledger ou encore Cesar Romero : nombreux sont les acteurs qui ont campé le rôle du pire ennemi de Batman. Pourtant, malgré tous ces grands noms, on est persuadé que Joaquin Phoenix sera le meilleur de tous. Et on vous explique pourquoi.
Bon, déjà Joaquin part avec un avantage incommensurable : il a le droit à un film dédié à son seul personnage. Même fabuleux, comme le regretté Heath Ledger, les Jokers du passé n’étaient que les satellites d’un Batman posé au centre du game. Mais attention, cette place de choix pourrait très rapidement se retourner contre lui si sa performance n’est pas digne. Heureusement, le Lion d’Or déjà acquis à la Mostra de Venise – ainsi que les retours dithyrambiques du Festival de Toronto – sont là pour crédibiliser le boulot du Phoenix. En Italie, le film de Todd Phillips a carrément eu droit à une standing ovation de 8 minutes. Et 8 minutes debout, c’est long. Bref, Joaquin a visiblement réussi son opération séduction. Mieux que ça, il est carrément entré dans la tête de certains spectateurs pour ne plus en sortir. C’est en tout cas ce qu’expliquait récemment Perri Nemiratu, pour Collider : "Joker est un des films les plus troublants que j'ai vu ces dernières années. Joaquin Phoenix est stupéfiant, la physicalité de son travail est particulièrement impressionnante. C'est très bien fait, à tous les niveaux, mais j'ai aussi trouvé cela très troublant et je ne peux pas m'en débarrasser pour l'instant. J'ai besoin de m'asseoir et d'y réfléchir plus."
Un autre élément joue en faveur de l'acteur américain : Joker n'est pas un film de super-héros. Oubliez les masques, les capes et les bastons sous-hormones : Joker tient plus du film d'auteur que du blockbuster. Les deux heures pondues par Todd Phillips et sa clique relatent la folle descente aux enfers d'Arthur Fleck, et pas vraiment les aventures du Joker lui-même. On assiste tout simplement à la naissance d'un monstre qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous. La preuve : en se plongeant dans la peau du vilain, notre bon Joaquin (certainement déjà bien allumé, comme le prouvent ses frasques de l’époque I’m Still Here ) a crû sombrer dans la folie. Cette touche humaine et sombre renforce l'identification du spectateur au personnage, accentue l'empathie, et devrait donc marquer durablement les esprits.
Deux beaux CV pour un film unique
Au-delà des premiers retours, une autre donnée rassure avant la sortie du drame de Phillips : Joaquin Phoenix affiche un CV monstrueux. Peut-être le plus fou après Jack Nicholson. Walk The Line, The Master, La Nuit nous Appartient, Her, le génialissime Gladiator : l’homme qui incarnait Commode ne manque pas de références. La concurrence a beau avoir quelques as dans la manche (Requiem for a Dream, Brokeback Mountain etc.…), Joaquin peut littéralement sortir joker sur joker à leur table. Sous l’œil, qui plus est, d’un réalisateur convaincu d’avoir pondu là son chef-d'œuvre. Auréolé de succès avec ses comédies potaches, Todd Phillips a drainé des torrents de spectateurs dans les salles avec la saga Very Bad Trip ou encore Date Limite, et mis un pied dans le rire noir avec War Dogs. Persuadé qu’il est impossible de faire de bonnes comédies à l’heure du règne de la PC culture, le New-Yorkais veut continuer à faire entendre sa voix tordue, en étant « irrévérencieux » et en « emmerdant la comédie », comme il le disait récemment à Vanity Fair ). Comment ? En misant sur un acteur affichant de la folie et du talent à (hautes) doses égales, pour aller loin. Très loin. Et personne ne pousse aussi bien le bouchon de l’étrangeté que Joaquin Phoenix, qui a donc toutes les cartes en mains pour succéder à son ami Heath Ledger sur la scène des Oscars. Et c'est tout ce qu'on lui souhaite.