Pour la plupart d’entre nous, la légende de Mulan est celle décrite par le prisme de Disney. Pourtant, sa véritable histoire, contée dans un poème chinois du VIème siècle, est bien plus sombre et tragique.
Oubliez Mushu, le général Shang ou l’horrible Shan-Yu. Comme vous vous en doutez, le 54e long-métrage de Disney sublime l’histoire de la légendaire Mulan. Un procédé inévitable pour rendre l’œuvre accessible à des spectateurs de tout âge, mais qui nous a mal éduqué à l’histoire d’une femme qui ne s’appelle pas Fa, mais bien Hua.
Nul besoin de mentir
Le film de Tony Bancroft et Barry Cook nous présente une Mulan encore jeune et naïve, avec la scène de son passage chez la Marieuse comme parfaite représentation de ces traits. En réalité, la Mulan de la légende, Hua de son nom, se pose bien loin de cette description. Et ce dès la genèse de sa folle aventure. Hua Mulan, contrairement à sa version cinématographique, ne prend pas la place de son père dans l’armée en s’envolant dans la nuit, comme une fleur. La situation est effectivement la même, les soldats sont réquisitionnés par l’Empire pour aller combattre, mais Hua Mulan demande directement l’accord de son paternel pour prendre sa place sur le champs de bataille. Ce qu’il accepte. On est loin de son envolée nocturne, et à ce moment-là, on sait très bien que vous vous demandez comment un père peut laisser sa fille aller au combat à sa place. Cela s’explique très simplement : la véritable Mulan est la descendante d’un officier de l’armée, certes trop vieux pour combattre, mais qui a au moins su lui inculquer comment pourfendre la chair du bout de sa lame.
L’image de la petite Mulan faible et timide arrivant sur son camp est donc erronée. En vrai, les soldats voient débarquer un guerrier plutôt badass bien qu’un peu frêle. Cette silhouette si particulière devient vite très familière à leurs yeux, puisqu’en réalité, les aventures de Hua Mulan dans l’armée durent… 12 ans ! Douze longues années, entre 436 et 448, à combattre les tribues nomades des Ruanruan (les Mongols d’aujourd’hui) pour le royaume des Wei. On est loin des Huns et de Shan-Yu, car à l’époque, ces derniers sont tout simplement en train d’essayer de conquérir la Russie. Sur le champs de bataille, Mulan brille et se distingue par sa science du combat, mais surtout pour une autre raison totalement inattendue : son grand sens de la stratégie. Bien qu’il n’existe pas d’exemple concret, ces deux immenses qualités lui permettent de gravir les échelons. C’est ainsi qu’elle se hisse au rang de Général, gagne la guerre, et ce alors que toute la nation qui l’adule ignore encore son grand secret.
Une fin tragique
Victorieuse, au centre de nombre de poèmes et en position de réclamer la récompense qu’elle souhaite, Mulan n’en n’a que faire. Au diable les terres qui auraient pu être les siennes, la fortune et le bétail ou une position politique confortable. La jeune fille ne désire que deux choses : le cheval le plus rapide qui soit, et surtout, une retraite bien méritée. C’est ainsi qu’elle se retire de l’armée, définitivement. Les différents écrits à son propos ne mentionnent pas si elle retrouve son père une fois de retour à la maison. S’il est encore en vie. Ce que l’on sait de son retour est que sa première activité est de reprendre un brodage entamé avant son départ. Dans la simplicité, comme toujours, reposée par l’havre de paix que représente sa position loin du front. Malheureusement, cette retraite idyllique est de courte durée.
Tuoba Huang, le nouvel empereur, connaît Mulan depuis qu’elle lui a sauvé la vie lors d’une embuscade. Il fait partie des premières personnes à apprendre que Mulan est une femme. Cette information pique sa curiosité, travaille ses souvenirs enfouis et aboutit à la grande malédiction de Mulan : l’empereur souhaite en faire sa concubine. Un statut dénué d’intérêt pour l’intéressée, s’épanouissant dans la plus simple liberté, ce qui la pousse à refuser les avances de l’homme le plus important du royaume. Une première fois. Puis une seconde, une troisième et bien d’autres, jusqu’à ce que l’empereur passe aux menaces. Libre et fière comme une guerrière, Hua Mulan refuse cette destinée, et met fin à ses jours avec sa propre épée. Une mort à l’opposée de la grandeur de son existence, qui donne à son histoire une toute autre résonnance.