Avec la sortie de Dynasty Warriors: Origins, les joueurs vont découvrir une période de l’histoire pas forcément très connue en Occident. Mais au fait, c’est quoi les Trois Royaumes ?
Dynasty Warriors, c’est une licence que l’on peut prendre de plusieurs façons. Certains sont là pour le défouloir monumental qu’elle représente, d’autres font très attention aux dialogues et aux relations entre personnages. Il faut dire qu’au-delà des batailles, on est ici en territoire historique bien loin d’un Black Myth: Wukong par exemple. Tout ce qui se déroule ici, bien qu’évidemment romancé et adapté, est tiré de faits réels. Mais alors c’est quoi, les Trois Royaumes ?
Les Quatre livres extraordinaires
Si tu ne connais que les quatre fantastiques ou Les Beatles, sache qu’il y a plus de choses qui vont par quatre, notamment des livres, et plus précisément les Quatre livres extraordinaires. Et avant que tu te mettes à hurler à la flemme et aux yeux qui piquent, on n’est pas (du tout) sur du Émile Zola et ses descriptions de 5 pages. Même si on adore les livres de tonton Émile, les quatre romans dont on parle ici sont bardés d’action et d’événements passionnants.
On parlait plus haut de Black Myth: Wukong, le jeu de Game Science est inspiré de La Pérégrination vers l’Ouest. Pour les autres membres du quatuor, il s’agit d’Au bord de l’eau, de Le Rêve dans le pavillon Rouge, et donc Des Trois Royaumes. Ces œuvres, rédigées et parues entre les XVe et le XVIIIe siècles, ont marqué durablement la Chine. Elles ont été les premières à allier Histoire et émotions et à atteindre le rang de classiques. Au fil des siècles, elles ont influencé tout un tas de choses, et ce jusqu’à aujourd’hui avec d’excellents softs qui permettent aux joueurs de s’éloigner un peu des sempiternels Vikings, de la Rome antique et autres guerres mondiales pour découvrir une culture moins omniprésente.
Une période historique
On l’a dit, avec les Trois Royaumes, il n’est pas question d’un singe qui surfe sur un nuage et tabasse des géants avec un bâton cure-dents qui change de taille. Coup de pot, dans les deux cas, les jeux sont excellents. Mais non, on navigue ici au milieu des rebellions, des intrigues de cour et des batailles titanesques dans lesquels des généraux de renoms se font face, coup d’éclat après coup d’éclat. En gros, on est plus proche de Game of Thrones que de La Sorbonne.
Et pourtant, toutes ces histoires sont bien liées à une époque : la fin de la dynastie Han, entre 169 et 280 après J.C. Au fil de cette période relativement courte, la Chine aurait été secouée par la révolte des Turbans Jaunes, une rebellion menée par un faux prophète, l’assassinat du frère de l’impératrice par des eunuques, des intrigues amoureuses qui mènent à des morts…
On ne va pas rentrer à fond dans le détail, parce que le livre originel fait la bagatelle de 500 pages, mais Zhang Jiao (attention parce que les noms revêtent une certaine importance dans Dynasty Warriors) a commencé par décréter que l’époque des Han était terminée et, pour s’élancer dans une nouvelle ère appelée la “Voie de la Paix”, il a… pris les armes et sonné la révolte contre les troupes impériales. Du fait de leur tenue, les soldats de Zhang Jiao sont surnommés les Turbans Jaunes.
Là-dessus, un paquet de généraux sont appelés à la rescousse pour mater la rébellion. On peut par exemple citer Huanfu Song, Zhu Jun, Liu Bei ou encore Cao Cao. Le meilleur conseil qu’on puisse te donner, c’est de faire comme à l’ancienne et de placer une feuille de papier à côté de ta console pour suivre l’histoire tranquillement. Ça bataille sec à grand coup de récits épiques, et finalement, Zhang Jiao et ses frères sont vaincus.
Le souci, c’est que malgré cela, la situation politique n’est pas beaucoup plus stable. L’empereur décède peu de temps après, et 10 eunuques en profitent pour assassiner le frère de l’impératrice. En réponse, parce qu’apparemment, personne n’a réussi à les arrêter après coup, le commandant Yuan Shao envahit tout simplement le palais avec l’objectif de découper (encore) les eunuques. Au cours de l’assaut, certains d’entre eux tentent d’enlever le nouvel empereur pour se couvrir, et le gouverneur d’une province voisine prend carrément le contrôle de la Cour impériale… oui, globalement, c’est compliqué.
Le gouverneur, qui répond au doux nom de Dong Zhuo, accepte de restituer le palais, mais à condition d’être nommé premier ministre, et que ce soit le petit frère qui soit désigné empereur. Un bon gros coup d'État en somme. Pour contrecarrer tout ça, on retrouve ce bon Cao Cao qui va tenter d’assassiner Dong Zhuo. Il échoue, mais Liu Bei se rallie à sa cause alors que de l’autre côté, c’est Lü Bu, un guerrier de renom (tu le sais, puisqu’il qu’il t’a probablement éclaté plusieurs fois dans le jeu) rejoint les vilains.
Une nouvelle fois, les Chinois vont s’entretuer comme jamais (ou plutôt comme il y a quelques années), de nombreux duels ont lieu, ça rentre au camp avec la tête des adversaires dans la poche… Liu Bei et Lü Bu se croisent sur le champ de bataille (sans décès) et finalement, Lü Bu se retire, entraînant la chute et la fuite de Dong Zhuo. Peu de temps après, Dong Zhuo se fait zigouiller par son ancien champion qui va devenir l’antagoniste principal. Avec ses troupes, Lü Bu tente de prendre le contrôle de diverses régions, mais Cao Cao et Liu Bei s’y opposent. Et attention : tout cela n’est pas (du tout) la totalité de l’histoire en version résumée. Il reste encore beaucoup de choses à découvrir, dont la plupart sont mises en scène dans le jeu. Bref, il semblerait qu’Amour Gloire et Beauté n’ait rien inventé. Tout cela est relaté au cours de 500 pages dont la rédaction est attribuée à Luo Guanzhong.
L’adaptation en jeu vidéo
Évidemment, avec une base de travail aussi passionnante, certains développeurs se sont jetés sur l’occasion pour créer des jeux géniaux. Sur ce terrain, la référence, c’est bien sûr Koei, le spécialiste du style Musō avec Dynasty Warriors. Pour les néophytes, il s’agit d'incarner un personnage face à des centaines (voire des milliers) de soldats.
Dans un genre un peu plus tactique, il y a aussi Romance of the Three Kingdoms, franchise elle-aussi développée par les Japonais de Koei. On peut aussi citer le Total War: Three Kingdoms de Creative Assembly, qui en plus de proposer l’aspect stratégique cher à la franchise, ajoutait aussi les duels entre héros, un twist bien sympa pour les habitués de la licence.
Pour se jeter de plein pied et découvrir ces événements passionnants de l’intérieur (et casser des bouches, évidemment), rendez-vous sur Dynasty Warriors: Origins.