Avec plus de 23 millions de jeux vendus, la série Animal Crossing est l’une des pièces maîtresses de Nintendo mais reste inclassable. RPG ? Gestion ? Quoi qu’il en soit, c’est un immense succès, et on veut comprendre pourquoi.
Animal Crossing est l’une de ces franchises qui sait prendre son temps pour mieux surprendre sa communauté de fans. On dénombre tout juste quatre grands épisodes (bientôt cinq) en seize ans, quatre best-sellers qui en font une licence à part dans le monde du jeu vidéo. Car finalement, la création de Katsuya Eguchi n’a pas vraiment de concurrence, ni d’équivalent. Totalement inclassable, elle repose sur un gameplay unique qui est en bonne partie responsable de son succès mondial.
Un gameplay unique
Comment présenteriez-vous Animal Crossing à un ami ? Difficile de décrire le plaisir procuré par cette expérience en quelques mots, tant son concept de base paraît vague. Dans le premier épisode paru sur Nintendo 64 en 2001 au Japon, puis porté sur Gamecube en 2004, le joueur incarne un petit personnage faisant ses débuts dans un village tout coloré. Le célèbre M. Nook l’accueille donc et lui confie une maison qu’il va devoir rembourser… Et c’est tout ! Pas de monstres à dézinguer, pas de princesse à sauver, dans Animal Crossing, il faut gagner des Clochettes, la monnaie du jeu, afin de payer son logement et sa décoration.
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Derrière ce concept d’apparence limité se cache en fait une merveilleuse trouvaille, ce que l’on appelle une simulation sociale. À la manière d’un RPG, il est nécessaire d’explorer le village afin de faire connaissance avec ses habitants et éventuellement travailler pour eux. Tous ces animaux anthropomorphes ont leurs propres préoccupations et leurs caractères bien distincts qui les rendent particulièrement attachants. Nos journées dans le jeu s’articulent ainsi autour des rencontres, de la pêche, de la chasse au papillon, de l’aménagement de notre chaumière... Aucune contrainte, aucun danger : Animal Crossing est un jeu relaxant par excellence et c’est l’une de ses grandes forces. Comme sa grande accessibilité, d’ailleurs.
Plus belle la vie
Rembourser un prêt. Voilà donc notre tâche. Cette idée quelque peu saugrenue pour un jeu vidéo sort tout droit de l’imagination fertile de Katsuya Eguchi. Ce game designer s’est inspiré de sa propre expérience pour créer le gameplay si particulier d’Animal Crossing. Pour faire ses débuts chez Nintendo en 1988, il doit quitter famille et amis afin de rejoindre la ville de Kyoto. C’est durant cette période de solitude qu’il s’est rendu compte de l’importance de trois notions : la famille, l’amitié et la communauté. Des thèmes que nous retrouvons au centre de la série et qui nous ramènent finalement à des valeurs essentielles de l’existence. Animal Crossing est une sorte de version idyllique de la prise d’indépendance et c’est probablement l’une des raisons de son succès auprès des jeunes adultes.
Mais cette franchise fait également la part belle à la créativité de chacun. À vous de décorer votre demeure comme bon vous semble, de créer un personnage à votre image et de construire des relations selon vos envies. Il suffit de taper "Animal Crossing Déco" sur Google Images pour s’en rendre compte. Les joueurs les plus habiles parviennent à créer de superbes ambiances dans leur foyer pour épater la galerie, et ça marche. Sinon, depuis l’épisode Wild World sorti en 2005, il est même possible d’inviter ses amis à visiter son village. Une fonctionnalité toute bête qui vient renforcer la notion de partage inhérente à l’expérience AC.
Une équipe de choc pour des idées innovantes
Nous avons parlé de Katsuya Eguchi, le cerveau principal derrière Animal Crossing, mais saviez-vous que ce concept découle également d’un projet nommé Cabbage ? Pour la sortie du N64 DD, une extension parue uniquement au Japon, Nintendo a fait appel à ses meilleurs talents pour concevoir un jeu capable de porter cet add-on hardware : Shigesato Itoi, créateur de la série Mother ; Tsunekazu Ishihara, l’un des grands faiseurs de Pokémon et Shigeru Miyamoto, papa de Mario et Zelda, ont ainsi imaginé un drôle de titre dans lequel il aurait fallu s’occuper d’un… chou ! Même si cela prête à sourire, le projet comprenait de nombreuses idées innovantes, comme une politique de DLC ou encore l’utilisation de l’horloge interne du N64 DD.
Si l’ambitieux projet Cabbage a finalement été annulé, l’équipe de Nintendo EAD n’a pas manqué de réemployer certaines de ses trouvailles dans Animal Crossing. L’utilisation de l’horloge interne de la Gamecube était, par exemple, l’une des grandes promesses du premier opus. Le jeu évoluait ainsi pendant l’absence du joueur, qui pouvait quitter son village le soir et le retrouver dans un tout autre état le lendemain. Bref, un concept malin en guise de cerise sur un beau gâteau de réalisme.
Un univers enchanteur, un gameplay accessible et addictif, des personnages hauts en couleur, un village en constante évolution, un sentiment de liberté immense… Voilà pourquoi Animal Crossing plaît à des millions de joueurs à travers le globe. Sur Gamecube, 3DS et bientôt Switch, chaque épisode nous permet de plonger dans un petit monde merveilleux et familier. On pêche, on papote, on décore sa maison, on se balade en ville, on rencontre des gens… Animal Crossing, c’est la belle vie. Tout simplement.