Steve Rodgers a reçu le sérum du Super-Soldat pour une seule et unique raison : sa capacité à faire passer le devoir avant tout. Et pourtant, celui que l’on nomme Captain America n’a pas toujours été un exemple éthique et moral. Portrait.
Si le patriotisme américain devait avoir un visage, il y a fort à parier que cela serait celui de Captain America. Figure emblématique de son pays, le Captain a profité de son retour dans le temps pour vivre sa petite vie avec Peggy Carter, son amour de toujours, comme il l’avait prévu avant de finir congelé dans l’océan Arctique. Mais avant de devenir le gendre idéal, Steve Rodgers vient au monde en 1917, dans le quartier du Lower East Side à New York. Fils d’un père alcoolique décédé dans sa jeunesse, et d’une mère également partie à cause d’une pneumonie, le petit Steve ne jouit pas d’une enfance très heureuse. D’ailleurs, même son entrée dans l’armée est compliquée. Raillé par ses camarades pour son physique de coton-tige, Rodgers est avant tout un gros loser. Lorsqu’il rate ses examens d’entrée, le jeune homme pense sa vocation foutue. À oublier, comme cette belle blonde qui vous a tapé dans l’œil au lycée. Mais, coup de chance, le lieutenant Chester Phillips décèle une force de caractère hors norme qui anime le petit gars chétif. C’est alors qu’on lui propose de participer à une expérience militaire nommée « Projet Renaissance », ou « Project Rebirth » en VO. Heureusement pour les États-Unis, il n’y a pas encore de contrôle antidopage à l’époque.
De gringalet à golgoth shooté aux stéroïdes
Quelques piqûres dans les fesses plus tard - et un petit tour dans un micro-ondes particulièrement high-tech - le petit homme devient grand, bodybuildé et doté d’une mémoire à en faire frémir un éléphant. Le projet est une réussite, et l’armée américaine pense tenir son modèle de surhomme. Car, oui, Steve Rodgers n’est à l’époque qu’un simple rat de laboratoire qui sert de test pour la conception d’une armée. Mais, petit hic, le Docteur Erskine, l’homme à l’origine du sérum, se fait tuer par un espion nazi alors qu’il est le seul à en connaître la formule. Rodgers devient donc l’unique super-soldat en circulation et les États-Unis font face à une rupture de stock inattendue.
Une transformation si soudaine nécessite forcément un temps d’adaptation. Pour notre nouvel apollon, cela passe par une formation intense au combat, entrecoupée de petits tournages de propagande franchement pas terribles. Mais bon, il paraît que ça remonte le moral des troupes. Ensuite, notre futur Captain n’en fait qu’à sa tête au moment d’entrer en conflit avec les nazis. Lorsqu’il apprend que son meilleur ami Bucky est détenu par HYDRA, il se lance à sa recherche sans l’aval de ses supérieurs. On touche là à un point intéressant de la personnalité du Captain : le devoir oui, mais pas à n’importe quel prix. Surtout quand cela concerne des vies humaines.
Quand droiture rime avec désinvolture
Cet homme choisi pour ses idéaux, son obéissance sans faille, se retrouve alors à agir à son bon vouloir et fonce tête baissée dans les rangs ennemis. L’opération est une réussite, l’HYDRA prend un sacré coup et son ami est effectivement sauvé. Ce succès le consacre d’ailleurs officiellement comme le Captain America que l’on connaît. Un héros, malgré sa réaction d’enfant gâté à qui l’on retire son jouet. Car au cas où vous l’auriez oublié, les États-Unis sont en pleine guerre à ce moment-là, et le pays ne peut se permettre de perdre son arme la plus précieuse pour des raisons purement sentimentales.
Civil War, ou l’itinéraire d’un entêté
70 ans plus tard, après avoir sauvé le monde de Loki (frère de Thor) avec les Avengers, Captain America rejoint le SHIELD. Pour cet organisme de défense, sa première mission est d’arrêter un certain Soldat de l’Hiver, qui n’est autre que son pote de toujours Bucky, pimpé d’un bras métallique et de plusieurs lavages de cerveaux. C’est une nouvelle réussite, et Rodgers tient son rôle de leader des Avengers, bien qu’Ultron tente de détruire la Terre. La troupe repousse assaillant sur assaillant et se constitue un joli CV. Malheureusement, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, et les combats accouchent de quelques morts non souhaitées. C’est ce qui conduit la troupe à l’arc Civil War. Une période qui va révéler, un peu plus encore, le côté tête brûlée du personnage.
Les gouvernements, qui souhaitent avoir plus de contrôle sur les agissements des super-héros, lancent leur « loi de recensement des Surhumains ». Une véritable pomme de discorde au sein des Avengers. Captain est d’abord approché pour en être le leader, et arrêter les héros qui ne suivent pas les directives des Nations-Unies. Et quelle est sa réaction ? Leur cracher à la face. Tout simplement. Il va même plus loin que ça, puisqu’il monte lui-même une équipe dans le but de continuer ses agissements comme bon lui semble. Résultat des courses ? Un affrontement entre Avengers qui, dans le MCU, voit James Rhodes - aka War Machine - perdre l’usage de ses jambes. Si Captain America a depuis redoré son blason dans la lutte avec Thanos, il ne semble pas pour autant être le garant de la droiture comme son image l’indique. Ou du moins, il le reste tant que la notion de droiture va dans son sens. Au final, avec les événements d’Avengers : Endgame, Captain America a fini par pouvoir vivre sa vie avec sa bien aimée. Peut-être que cette version avait plus de charme à ses yeux. Ou alors il était simplement conscient de ses différents écarts, ce qui l’a poussé à choisir Sam Wilson, dans lequel il retrouve ses vertus perdues, pour le remplacer. Captain est donc à la retraite. Et s’il n’était pas qu’un homme comme les autres, au final ?